L’équité, notre plan directeur pour découvrir la vérité

Par Nneka Otogbolu (she/her/elle) | Chef des opérations, Fondation pour les communautés noires

Durant mon voyage à Genève dans le cadre l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine (IPPAA), j’ai participé à des conversations inspirantes et appris des leçons stimulantes de la part de multiples dirigeantes et dirigeants du monde entier. Ces personnes influentes ont défendu avec passion l’importance de l’inclusion et de l’élimination des obstacles majeurs auxquels sont confrontées les communautés noires à l’échelle du globe. Les échanges que j’ai eus au courant des séances m’ont permis de mieux comprendre des questions essentielles relatives à la justice raciale, à la justice réparatrice, à l’éducation, à la culture, au racisme systémique et ainsi de suite.

Nneka Otogbolu, (elle) Chef des opérations, Fondation pour les communautés noires

Ma participation à l’instance m’a permis de prendre connaissance de points de vue très différents. Malgré la diversité de nos antécédents scolaires, héritages culturels et nationalités, nous avons parlé d’une même voix des défis qui nuisent à nos communautés noires et avons fait écho d’une résonance collective qui souligne les problèmes universels que nous devons relever. Ces points communs jumelés au besoin d’obtenir de meilleurs soutiens pour les leaders et entreprises noirs consolident la nécessité d’agir de façon unifiée. 

Le cœur préliminaire du problème cible – un dilemme économique – va de soi. Il existe un déséquilibre dans les structures d’équité en raison de sociétés de plus en plus inégales. Pour que les dirigeantes et dirigeants puissent servir d’exemples aux jeunes et les aider à naviguer dans les complexités du monde, nos efforts pour lutter contre le racisme systémique et promouvoir l’inclusion doivent être ancrés dans l’accès équitable aux ressources, garantissant ainsi le succès pour tous.

Au cours des discussions sur les relations raciales, le racisme systémique et la façon dont nous pouvons, en tant que dirigeantes et dirigeants, continuer à être les moteurs du changement, je me suis retrouvée aux prises avec la complexité entourant le chevauchement des concepts de l’égalité et de l’équité. Je me suis également rendu compte que pour parvenir à l’égalité, nous devons comprendre ce qu’est l’équité – ses avantages et ses façons précises de mettre en évidence les disparités causées par le déterminisme culturel. L’honorable Jean Augustine a affirmé : « Lorsque nous plaidons pour l’équité ou l’égalité, nous sommes généralement laissés pour compte, ou on nous ferme la porte au nez ». En tant que leaders qui s’allient pour donner l’exemple et mettre en œuvre des politiques et des projets, nous comprenons les facteurs sociaux et culturels qui déterminent les moyens de subsistance et les croyances de chaque personne, car les importantes structures sociétales mises en place façonnent les effets résiduels des actions et des choix.

Bien que j’aie été impressionnée par ce que j’ai vécu lors de l’instance et par ce qui a été exprimé durant les conférences et les séances en petits groupes, je savais que je n’étais pas seulement là pour assister à l’événement, mais aussi pour y apporter mes propres questions et créer ma propre dissertation mentale. Une des discussions qui a eu lieu comparait les microagressions à un compte-gouttes. On nous a fait prendre conscience qu’à moins que nous soyons prêts à faire preuve de pensée critique et à prendre part à des dialogues appropriés, ces gouttelettes de microagression se transformeront en tsunami. 

Lorsque nous alimentons la conscience critique, nous revenons à notre besoin inné de faire ce qui est juste. Nous pratiquons la bonne gouvernance en prenant part à des discussions qui sèment les graines du changement, du développement des compétences et de la résolution de problèmes. En outre, nous déballons activement nos propres points de vue périphériques et nous confrontons nos préjugés incontrôlés. En nous engageant dans ce sens, nous comprenons mieux les opinions et les expériences divergentes. Ainsi, nous pouvons ouvrir la voie à l’empathie honnête et sincère, à l’inclusion et au progrès significatif. 

L’honorable Kamal Khera, ministre de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes handicapées

Il est encore nécessaire de raconter les histoires des peuples de la diaspora africaine à partir de leur point de vue. Les récits eurocentriques sur le continent africain qui ont été enseignés dans les écoles et qui se sont ensuite propagés sur nos lieux de travail, dans les médias et dans la sphère politique, sont encore utilisés pour nous priver de nos droits et nous dégrader en capitalisant sur l’effet de l’inégalité qui a fortement contribué à la polarisation politique. En tant qu’observatrice attentive, je me suis posé des questions passionnantes : Comment s’attaquer aux causes profondes des problèmes rencontrés par les personnes d’ascendance africaine au Canada? Comment pouvons-nous envisager les réparations et la décolonisation comme des processus complémentaires et non opposés? Par ailleurs, quelle est ma position actuelle en tant que femme, mère et personne d’origine africaine?

J’ai également réfléchi à un point soulevé lors de nos séances sur les luttes individuelles et sur la fausse idée qu’il est possible de vivre une vie en menant une seule lutte. Nous avons reconnu la complexité de nos expériences et appris à plaider sur plusieurs fronts. Il s’agit notamment d’aborder des enjeux comme les droits des femmes, les soins de santé, l’éducation et l’importance de la collecte de données pour mesurer l’effet que nous souhaitons avoir sur la croissance économique et le développement. C’est à chacun et chacune d’assumer la responsabilité sociale et humaine de reconnaître la nécessité d’étudier et de mettre en œuvre des solutions avant qu’elles ne soient universellement accessibles. Ce faisant, nous améliorons nos capacités et devenons de meilleurs responsables politiques, législateurs, chercheurs, éducateurs, collègues, alliés et conteurs. En fin de compte, nous jetons les bases nécessaires à l’épanouissement personnel et au progrès de la société.

Sheila Walker a souligné durant l’instance que « nous ne sommes pas une table rase. Nous venons de l’avant avec des connaissances. » Ses paroles ont souligné notre capacité à accomplir davantage et à contribuer aux progrès continus du Canada. Parallèlement, l’honorable Jean Augustine a souligné l’importance de « construire un espace équitable pour les communautés noires ». Ensemble, leurs points de vue mettent en évidence le potentiel d’évolution positive et de croissance inclusive de notre société.

Ma participation à l’instance a fait naître en moi un sens plus profond de mon objectif personnel. L’appel urgent à changer nos lieux de travail, nos politiques et nos collectivités représente clairement une revendication de protection des personnes. À chaque pas vers l’avant, alimenté par l’élan de l’action collective, j’ai bon espoir pour la prochaine décennie, car en s’appuyant sur les enseignements et la sagesse tirés des victoires et des échecs de la première décennie, j’espère qu’ensemble, nous pourrons tous créer des résultats remarquables pour les communautés d’ascendance africaine partout au Canada et dans le monde entier.